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DE L'ERRANCE AU ROAD MOVIE DANS L'ŒUVRE DE JIM JARMUSCH
par Stéphane BENAÏM


2.3. La voiture

Ce moyen de locomotion indispensable à tout américain se retrouve évidemment dans le road movie. La voiture fait partie de la vie quotidienne du pays. On peut assister à des séances de cinéma dans sa voiture, on peut également y manger (les "drive-in"). Ce moyen de locomotion permet au vagabond de traverser les immenses espaces américains. Pour les rebelles des années soixante-dix, la balade commence avec la moto, engin qui remplace la monture du cow-boy. Dans les années quatre-vingt, le personnage errant va utiliser la voiture ("Radio On", 1979 C. Petit, "Honkytonk Man", 1982 C. Eastwood, "Candy Mountain", R. Frank,). Ce moyen est idéal pour le vagabond car il facilite sa fuite en avant et assouvit sa soif d'espace et son amour pour la route. Dans "Stranger than Paradise", la voiture permet les liaisons entre New York et Cleveland, puis entre Cleveland et la Floride. Mais peu importent les distances parcourues et les lieux traversés, ce qui compte, c'est le déplacement, la fuite et le voyage. La voiture renforce l'idée d'isolement de l'individu et l'idée de rupture avec l'extérieur. Le personnage se retrouve dans une carapace, un cocon protecteur. Cette relation ambiguë homme-voiture se retrouve dans "Taxi Driver" de Scorsese où s'établit une réelle aliénation de l'homme par la machine. L'opposition intérieur-extérieur se traduit par une caméra présente dans la voiture, qui s'attache autant au conducteur qu'aux lieux traversés, vus à travers les vitres. La caméra est parfois fixée à l'avant de la voiture, sur le capot, dirigée soit sur le conducteur uniquement soit sur l'ensemble de la voiture, soit orientée vers l'avant, ne filmant que la route. Pour Jarmusch, "l'Amérique est une culture de la voiture" : "Pendant mon enfance à Akron, la seule chose à faire, c'était de conduire des voitures et d'écouter du rock n' roll. Il n'y avait rien d'autre qui puisse vous libérer de votre environnement. C'était un soulagement de prendre la voiture et de conduire sans but..." Le réalisateur déclare être intéressé par le style du road movie car il permet de voir des paysages et l'évolution de ses personnages face à ces transformations. Dans un road movie, ce n'est cependant pas la voiture qui fait le film, mais le voyage. La voiture devient un instrument du voyage et rythme l'oeuvre. C'est le cas de films tels que "Two lane black top" de Monte Hellman. La voiture peut aussi se transformer en caméra comme le taxi de Travis dans "Taxi Driver". Les images vues de la voiture peuvent être considérées comme des plans subjectifs. Les phares deviennent des yeux et la vision projetée est celle de la voiture. Les plans travelling de route nous font voyager au ras du sol. Les fenêtres peuvent se transformer en tableaux mouvants. Les plans travelling de paysages se succèdent et s'enchaînent devant un personnage indifférent à ce mouvement.



 



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